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Photo du rédacteurLéon LB

THÈME DE LA MÈRE (« LA VIEILLE») DANS LE TANGO

Dernière mise à jour : 19 janv. 2023


Cet article est consacré à l'illustration du thème de la mère, évoquée dans certaines chansons, parfois de façon subliminale. Dans le contexte de grande pauvreté et d'une vie difficile où est né et s’est développé le tango, la mère est un personnage central et essentiel par son courage et son amour, ultime repère des laissés pour compte ou des malandrins.

Ci-contre un fragment de la statue "La mère de l'émigrant" (Gijona).


Et derrière l"évocation de la mère pointe l’éloge de la femme, capable de courage et d’amour en toutes circonstances et dans la durée…

Ce thème de la culture tango est illustré ici par des extraits de quelques textes remarquables (avec mes adaptations en français).


La casita de mis viejos (1932 - Enrique Cadícamo - Juan Carlos Cobián)

L’homme qui revient « vaincu » par la vie à la maison de ses parents, après de très longues années d’errance, d’alcool et d’amères déceptions amoureuses, se retire auprès de sa mère.

Ya nunca más he de partir y a tu lado he de sentir el calor de un gran cariño… Sólo una madre nos perdona en esta vida, es la única verdad, es mentira lo demás.”

Jamais plus je ne partirai

Près de toi je sentirai

La chaleur d'une grande tendresse…

Seule une mère nous pardonne

en cette vie,

C'est l'unique vérité,

Tout le reste n'est que mensonge.




El bazar de los juguetes (1954 - Reinaldo Yiso – Roberto Rufino)


L’enfant élevé dans la misère reste marqué par la souffrance de cette mère qui n’avait pas le sou pour le pain, encore moins pour les jouets. Devenu riche, il vient acheter tous les jouets de ce magasin, afin de les distribuer aux enfants pauvres du quartier.

Si mi vieja era tan pobre le faltaba siempre un cobre para comprarnos el pan. …. Yo sé lo que es sentirse besado tiernamente por una pobre madre que no me pudo dar ni el más humilde y pobre de todos los juguetes por eso se los compro, por eso nada más.” …..

Car ma vieille était si pauvre

Lui manquait toujours un sou

Pour nous acheter le pain.

…. Je sais ce qu'on ressent

embrassé tendrement

Par une pauvre mère

qui n'a pas pu donner

Même le plus humble et pauvre

parmi tous les jouets

Pour ça j'vous les achète,

et pour ça seulement.




Cafetin de Buenos Aires (1948 - E. S. Discépolo - Mariano Mores)


L’auteur raconte son “éducation” depuis l’adolescence dans ce bistro de quartier, entouré de je-sais-tout et de suicidaires, bistro qui le fascinait depuis l’enfance, où il lia des amitiés durables, dont le « maigre Abel » qui continue de le guider (à la place de son père ?).

Lieu de référence pour lui, puisque seul le cafetín ressemblait à sa "vieille" …

Cómo olvidarte en esta queja, cafetín de Buenos Aires, si sos lo único en la vida que se pareció a mi vieja...

Puis-je t’oublier dans ma complainte Mon vieux bistro de Buenos Aires Alors que seul toi dans ma vie A pu ressembler à ma vieille …


Caserón de tejas (1941 - Cátulo Castillo - Sebastian Piana)


Évocation nostalgique d’une enfance heureuse dans cette grande maison de Belgrano, époque que l’on veut faire revivre dans les « sons endormis du piano », car la mère disparue le demande depuis l'au-delà.

….. Viviremos el cuento lejano que en aquel caserón de Belgrano venciendo al arcano nos llama mamá...

….. Nous vivrons cette histoire lointaine,

Car dans cette maison de Belgrano,

Vainquant les arcanes

maman nous appelle…



El Choclo (1948 - Catan Marambio & E. S. Discépolo - Angel Villoldo)


Hommage au tango qui aurait permis à une société de s’élever au-dessus de la misère des quartiers, et même de s’exporter à Paris. Le refrain met en avant la mère disparue, que l’émotion du chant et du bandonéon fait revenir sur la pointe des pieds.

Hoy que no tengo más a mi madre, siento que llega en punta 'e pie para besarme cuando tu canto nace al son de un bandoneón.

Et aujourd’hui…ma mère absente…

Je sens qu’elle vient

tout doucement pour m’embrasser

Lorsque ton chant

naît dans le son d’un bandonéon.




El corazón al sur (1975 - Eladia Blazquez, paroles et musique)


Eladia Blazquez chante ici le souvenir de son enfance heureuse et simple, marquée par un père travailleur comme "une abeille dans la ruche", honnête et bon, puis elle évoque dans le refrain l’ombre de sa mère, façon discrète et néanmoins marquante de la faire vivre dans le souvenir, peut-être symbole de tous ces proches qui ne sont plus.

Mi barrio fue una planta de jazmín, la sombra de mi vieja en el jardín, la dulce fiesta de las cosas más sencillas y la paz en la gramilla de cara al sol.

Quartier je me rappelle ton jasmin Souvenir de ma mère dans le jardin La douce joie que donnent les choses les plus simples Et la paix face au soleil dans l'herbe sèche


Milonga de la ganzúa (Raul Gonzalez Tuñon - musique de Juan Cedrón)


Chanson des monte-en-l’air en tout genre, description de leur totale absence de règles et de scrupules , mais en même temps de leur sensibilité musicale et leur attachement à une seule personne, la mère.

Aman sobretodo a su madre anciana, y cuando esta se les muere, cantan un tango, lloran desconsoladamente y de las cosas dejadas por la muerta a repartirse entre los hermanos eligen... una virgen de plata y el canari. Ninguna angustia los desgarra, cada cual vive como quiere, cuando la madre se les muere le ponen luto a la guitarra

Ils aiment par-dessus tout leur vielle mère, et quand elle meurt ils chantent un tango, pleurent désespérément, et des objets laissés par la morte à répartir entre les frères, ils choisissent… une vierge en argent et le canari. Aucune angoisse ne les étreint Chacun vit comme il veut, Quand meurt leur mère Ils mettent en deuil la guitare


Une curiosité pour terminer…


Le thème de la mère est présent dans beaucoup de cultures populaires et folklores.

Un clin d’œil ici au très connu « Yiddish Mame », hymne à la mère, dans une belle version tango en russe.


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